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10 mai 2013

Opération "Cochise" : 11 mai 1968


Au printemps 1968, beaucoup à Washington estiment que la guerre est d’ors et déjà devenue "ingagnable". Les effectifs US engagés au Vietnam dépassent les 500 000 hommes et l’opinion publique américaine commence à renâcler. Le 31 mars, à l'occasion d'un discours retransmis en direct à la télévision, le président Johnson a annoncé, à la surprise générale, qu'il ne cherchera pas à obtenir un second mandat.

Sur le terrain, la priorité stratégique des forces alliées consiste à rétablir le contrôle par le gouvernement sud vietnamien des territoires perdus à l'ennemi depuis l'offensive du Têt. Une course de vitesse s’engage alors entre l’ANV et les Américains afin d’établir un rapport de force favorable alors que l’issue du conflit et la vietnamisation se profilent à l’horizon.

L’opération COCHISE, lancée en avril sur toute l’étendue de la 2e région militaire (II Corps Tactical Zone), fait partie d’une plus vaste campagne nationale de "pacification accélérée" visant à intensifier les efforts pour étendre la sécurité dans le pays.

Dans la province côtière de Binh Dinh, territoire hautement contesté depuis le début de la guerre, la situation reste incertaine depuis plusieurs mois. La 2e division NVA s’est durablement installée dans les collines de l’arrière pays et lance continuellement des raids contre la route nationale n°1 entre Quy Nhơn et Quảng Ngãi. Pour faire face à la menace, les Américains ont installés un chapelet de bases (Uplift, Ichiban, Duster Hill, 8 inch Hill, Miss America, etc.) qui leur permet tant bien que mal de contrôler l’artère vitale. Les unités qui y sont déployées sont composées essentiellement de forces mécanisées, rapides et puissantes, capables en théorie d’intervenir rapidement. Mais dans la pratique, c’est moins évident.


COCHISE doit mettre un terme à cette situation, d’autant plus que l’ANV se montre de plus en plus agressive et téméraire, n’hésitant plus à lancer ses offensives directement contre les bases US.
Rapides et agiles, les bo-doïs disparaissent ensuite comme ils étaient venus, sans prévenir.

Or, l’analyse croisée de diverses rapports d’engagement laisse à penser qu’une minuscule vallée (répertoriée "vallée 506" sur la carte d’état-major) constituerait la voie d’accès par où transiteraient les viets pour surgir inopinément dans le décor et déguerpir.

Bref, il s’agirait en quelque sorte de la porte de derrière. Afin d’en avoir le cœur net, deux compagnies mécanisées (Bravo et Charlie) du  1/50 sont envoyées sur place pour mener une reconnaissance en force.


Afin de parer à toute éventualité, un platoon de chars M-48 Patton (Co B, 1/69) est chargé d’appuyer l’opération. Le tout sous la couverture habituelle de l’artillerie (155mm de la base Uplift), l’aviation (21st Tactical Air Support Squadron) et des hélicoptères d’appui feu …


L’enlisement du conflit se fait sentir dans les rangs US et le moral est bien émoussé.
Echaudés par plusieurs mois d’âpres accrochages contre un ennemi extrêmement agressif et peu enclins à subir des pertes exagérées, les GI’s ont fermement l’intention de faire le job tout en prudence.


En qualité de vétéran, le capitaine de Bravo mènera la danse. L’officier est un short timer, arrivé indemne à moins de 100 jours de son DEROS (date eligible for return from overseas), c'est-à-dire au terme de sa période au Vietnam.


Soucieux d’économiser les pertes inutiles, ses consignes sont claires : précaution maximum, méthode et professionnalisme, pas d’héroïsme.


Ses jeunes adjoints commandant la compagnie Charlie, tout frais émoulus de leurs deux semaines de formation in country (au Vietnam), ne demandent qu’à suivre son exemple, le reste des hommes n’y voient rien à redire.


Orientée est-ouest en direction des premières collines de la cordillère annamitique, la vallée est bordée au nord par une piste et au sud par une rivière enserrant des rizières bourbeuses.


Deux villages, Trung Hôi à droite le long de la piste et Trinh Vân à gauche, sont susceptibles d’être occupés par l’ennemi et doivent par conséquent être contrôlés. De nombreux bosquets couvrant les pentes à l’ouest ainsi que des bambouseraies fournissent des zones de couvert idéales pour abriter des embuscades.


Progressant par bonds, les Américains inspectent chaque site suspect en répétant consciencieusement la même manœuvre : des patrouilles sont poussées par un ou deux groupes d’infanterie soutenus à distance par les blindés, prêts à cracher l’enfer au moindre signe.


Une fois en place, les fantassins occupent la zone afin d’éviter les embuscades pendant que les M-113 et les tanks progressent sur un terrain sécurisé.



Chacune des deux compagnies marque une pause pour s’assurer de leur coordination respective. Les flancs ainsi que les arrières sont systématiquement couverts, chaque mètre carré de piste est méticuleusement inspecté pour éviter les mines et autres "pièges à cons".



Bref, à ce rythme là, l’avance est lente, très lente, trop lente…



De son côté, discrète mais bien présente, l’ANV ronge son frein et attend son heure : ceux parmi les bo-doïs qui sont tapis au fond de leurs tunnels sont prêts d’avoir des crampes …


…les autres, forcés de bouger pour éviter la puissance de feu US, sont rejetés vers le fond de la vallée à l’ouest ou sur les flancs et ne cessent de manœuvrer pour trouver une faille dans le dispositif ennemi.


Trung Hôi et Trinh Vân sont tours à tours investis et fouillés par les GI’s puis immédiatement réoccupés par l’ANV une fois que les Américains ont tournés le dos.




Les gesticulations des viets ne restent pourtant pas sans conséquences. Repérée par un des hélicoptères qui tournoient au dessus de la vallée, une section ANV transportant des tubes de canons sans reculs est signalée à proximité de Trung Hôi, trop loin cependant pour être engagée par les troupes au sol.


Les bo-doïs sont néanmoins contraints de reculer vers l’ouest pour rejoindre une position située au pied des collines à proximité de la piste, localisation qui est immédiatement communiquée à la compagnie Charlie.

Secrètement, l’officier ANV espère bien que l’Américain venant le chercher tombera dans l’une de ses embuscades placée au sein d’une bambouseraie située à proximité.


Arrivés au centre de la vallée sans avoir provoqué de réaction ennemie, les Américains s’apprêtent à aborder la zone située à portée de tir des canons sans recul ANV hypothétiquement camouflés à flanc de collines.


Ce faisant, le capitaine de Bravo fait rectifier l’alignement de son dispositif pour franchir d’un bond le petit chemin creux qui relie Trung Hoî à la rivière.



Sur sa droite, la compagnie Charlie a marqué un temps d’arrêt pour attendre ses blindés laissés en couverture.


Sans le savoir, le platoon de tête ainsi que le PC se sont installés en plein sur les trappes camouflées des viets qui se trouvent de ce fait incapables de déclencher leur embuscade (au risque de perdre l’effet surprise et donc l’initiative du feu).


Profitant de cette pause, l’observateur aérien s’est glissé furtivement le long d’une haie pour établir un contact visuel avec la section lourde ANV précédemment localisée.
N’ayant rien remarqué, la surprise est totale quand un F4 Phantom arrivant en phase finale vient souffler le groupe de canons sans recul.



Encouragé par ce premier succès obtenu sur le flanc droit, Bravo prend l’initiative à son compte et franchi d’un bond le chemin creux, découvrant presque immédiatement sur son flanc gauche une section ANV qui se déploie à couvert des berges de la rivière.





Immédiatement averti et jugeant la manœuvre mal engagée, le capitaine de Bravo donne l’ordre au M-48 et à la section US de rétrograder sur leur position initiale, laissant venir à eux l’attaque des bo-doïs tout en protégeant le flanc du reste de la compagnie.

C’est justement l’occasion qu’attendait le viet pour déclencher sa deuxième embuscade, rendue activable par le bond en avant de la compagnie Bravo.


Blottis au cœur d’une bambouseraie, les lance-roquettes RPG-2 et les canons sans recul viennent trouer le flanc et l’arrière du M-48 qui est immédiatement détruit.


Profitant d’un bon tempo et d’une situation avantageuse, une section viet accourue en renfort se lance dans une charge éclair qui vient balayer deux squads supplémentaires.



Mal positionnée, la compagnie Bravo ne peut compter que sur l’intervention rapide de l’artillerie et des hélicoptères pour espérer frapper l’ANV.




Sur le flanc droit, une section de M-113 de la compagnie Charlie tente désespérément d’intervenir en rejoignant le site de l’embuscade à toute vitesse.


Plus en arrière, un autre M-48 Patton accélère lui aussi pour rallier… et vient déclencher l’explosion d’une mine qui l’immobilise.


Simultanément, l’ANV tente de venir au contact pour accrocher les unités américaines les plus vulnérables, mais sans effets. Les bo-doïs préfèrent en rester là et se replient vers l’ouest.


Prudemment formés en laager, les deux compagnies US restent maîtresses du terrain mais n’empêchent pas une victoire aux points en faveur de l’ANV.